Dérive
Je suis ce marin là, trouvant la terre si belle
Qu’en y posant le pied, il y laissa ses ailes.
Plus question de navire ni même de départ
La voile est abaissée, la coque est au rencart.
Je suis ce marin là, qui, ivre de désir,
Se surprit à rêver d’un autre devenir.
Où trouver le répit en contrée inconnue
Et comment s’assurer d’y être bienvenu ?
Dévoiler peu à peu les mystères, les parfums
D’un Eden délicat mais qui n’est pas le sien.
Convoiter les écrins là où la fleur s’évase
En ne laissant ni trace, ni empreinte qui écrase.
Mais d’où me vient cette fougue, ce si tendre élan
Qui me mène à la source, inexorablement ?
Le chemin est sinueux mais j’y engage mes pas
Noué par l’incertitude qui précède aux combats.
Je suis ce marin là, submergé par l’émoi
Par ses fragilités et par son désarroi,
Prêt à apprivoiser l’aurore de ses faims
Sans assurance aucune du moindre lendemain.
Lori Le Guen